“Bonjour! Would you happen to have a turkey?” – “Sure! What do you need? Is this for Thanksgiving?” This is how all of my exchanges with Parisian butchers went this week as I searched for the pièce de resistance to next Thursday’s feast. In France, this unattractive bird is sacrificed specifically at Christmas, so imagine my surprise when I found out butchers were advertising them a month early … for an American holiday. And not just butchers and supermarkets, restaurants too! I’ve come across a couple of Parisian places offering a Thanksgiving menu, including all the traditional trimmings. Over a decade ago, sharing in this custom with my Parisian friends was not as easy. The supply was as skim as the demand and one had to hunt and gather to harvest all of the fixings. Today, your mercurial neighborhood butchers are actively reminding customers to order their turkeys in time. Sure, there are over 15,000 Americans in Paris today – but that number was not drastically lower in the mid-aughts. So, what happened?
Similar to a Thanksgiving meal, a little bit of everything: globalization, pop culture, financial incentive, a shift in demographics – specifically the rise of urban populations. Cities are incubators for the subtle influence of soft power. Just last week, I learned of a Colombian telenovela from my Cali-born and raised coiffeur. We are all sardines packed against one another, and the oil just seeps off of us, onto others. It is slippery, messy, but man, isn’t it just delicious? The image may be teetering on the nauseating, but it is far more realistic than the naïve melting pot or the fatalistic salad bowl – which, not so incidentally, were terms created to describe nations. Cities have more wiggle room. Pun intended.
As far as pop culture goes, it is America’s strongest soft power brand. And what has been the most successful American Thanksgiving-related export of the past thirty years? A little show called Friends. A simple Reddit search on the international popularity of the television show confirms that Ross, Chandler, Joey, Rachel, Phoebe, and Monica are still house-hold names from Vilnius to Jakarta. Or, if you happen to ask anyone born between 1970 and 2000 whether Ross and Rachel were on a break, I am willing to bet my Netflix subscription that they will know what you are referring to. Friends is also known for their Thanksgiving-themed episodes. As the show aired Thursdays on NBC, the episode would start at 8:30 pm, just as families would wake up from their post-meal naps or wind down from the day’s festivities. Friends lives in the collective international subconscious as a window into Thanksgiving. Unlike Bastille-day celebrations around the world, which are funded and organized in part by l’Alliance française and the Ministry of foreign affairs, Thanksgiving has been cropping up through societal impulse. Will it ever garner the international recognition of a Saint Patrick’s Day or Oktoberfest? Probably not. Partying doesn’t own a passport. And if it did, it would lose it. No, Thanksgiving is more about eating than drinking. It is the soft power of food, not booze.
Finally, if the world is not breaking bread to say thanks on the fourth Thursday of November, it is breaking the piggy-bank to enjoy Black Friday and Cyber Monday sales. Here in France, magazines, retailers, and websites are advertising the shopping-palooza. I have many friends who wait till “Black Friday” (insert French accent here) to do their Christmas shopping or purchase bulk or expensive items for their home. In 2019, 62% Français took advantage of these sales, meanwhile 89% of Germans are aware it exists. In Denmark, it has essentially become the “Sales” day. If mass commercialization is not American, I don’t know what is.
Soft power is not always obvious. It doesn’t always come neatly packaged like sardines stacked in a tin box. For every Confucius Institute or COP26, you’ll have a Thanksgiving that will creep up on you in your local Parisian butcher shop and you’ll think “huh” and go on with your day. Unless you’re me, and you will write an essay about it.
« Bonjour, auriez-vous des dindes ? » - « Vous souhaitez placer une commande pour Thanksgiving ? »
Non, je ne suis pas aux États-Unis mais à Paris. En France, nous sacrifions ce vilain oiseau de basse-cour à l’autel du petit Jésus le soir du réveillon. Qui aurait cru que les bouchers de la capitale seraient tous au rendez-vous pour accueillir cette requête purement américaine ? Et la commercialisation de Thanksgiving ne se cantonne pas qu’aux marchands de viande et de volaille – les restaurants et les supermarchés s’y prêtent également. Depuis quelques semaines, nombreux restaurants parisiens affichent des menus « Thanksgiving » : dinde, farce, légumes rôtis, purée, sauce aux canneberges, soupe au potiron. Ils y ajoutent peut-être la « French touch » mais restent fidèles à la panoplie traditionnelle. Il y a dix ans, fêter Friendsgiving (Thanksgiving, mais avec ses amis au lieu de sa famille) à Paris était un vrai parcours du combattant. L’offre étant aussi dérisoire que la demande, pour récolter toutes les denrées était un vrai parcours du combattant. Aujourd’hui, ces spécialistes de l’abattage préviennent leurs clients de ne pas oublier de placer leurs commandes pour Thanksgiving. Certes, il y a plus de 15,000 Américains à Paris. Mais bon, ce chiffre n’a pas tellement bougé depuis l’an 2000, alors que s’est-il passé ?
Comme le repas de Thanksgiving, nous avons un peu de tout : la mondialisation, la pop-culture, les intérêts financiers, les mouvements démographiques (et notamment la croissance des populations urbaines). En effet, les villes sont des sortes d’incubateurs pour l’influence subtile du soft power. Pour exemple, la semaine dernière mon coiffeur colombien m’a conseillé une telenovela sulfureuse où une jeune cueilleuse de café tombe amoureuse de l’héritier d’une hacienda. Ça ne donne pas envie tout ça ? Vous excuserez la métaphore que cette nouvelle tendance m’inspire : nous autres citadins sommes comme des sardines : serrés les uns contre les autres dans l’huile qui nous imprègne mais on reste nous-même. L’image donne certes un peu la nausée, mais elle est bien plus réaliste que l’approche américaine du naïf « melting pot » et le fatalisme du « salad bowl », préconisé par les Anglais. En plus, la sardine a un goût plus prononcé. Mais ces expressions ont été inventées pour décrire des politiques nationales. Les villes ont plus de marge de manœuvre, malgré les contraintes d’espace. Ce périmètre limité encourage et facilite le transfert d’informations et le partage d’idées et de produits.
Par ailleurs, la pop-culture est la marque de fabrique américaine par excellence. Depuis trente ans, la série Friends est l’ambassadeur occulte de Thanksgiving dans le reste du monde. Une simple recherche sur le site communautaire Reddit ne laisse aucun doute sur le succès de Ross, Chandler, Joey, Rachel, Phoebe, et Monica de Vilnius à Jakarta. Sinon, demandez à n’importe quelle personne née entre 1970 et 2000 si Ross et Rachel étaient « on a break » et je suis prête à parier ma souscription à Netflix qu’elle saura de quoi je parle. Friends est notamment connue pour ses épisodes dédiés à Thanksgiving. Comme la série passait le jeudi soir et que Thanksgiving tombe le dernier jeudi du mois de Novembre, nombreux américains regardaient cet épisode à 20h30 après les agapes qui commencent traditionnellement en début d’après-midi. À l’inverse des festivités organisées pour le 14 juillet (« Bastille Day »), financées et élaborées par l’Alliance française et le Ministère des affaires étrangères, le succès de Thanksgiving a surgi d’élan sociétal. Or, cela m’étonnerait qu’il devienne aussi populaire que la Saint Patrick ou l’Oktoberfest. La fiesta ne connaît pas de frontières. Non, Thanksgiving c’est le soft power de la bouffe et non pas de la bibine.
Enfin, même si le monde entier ne s’assied pas autour d’une table le quatrième jeudi de novembre, il se réunit tout de même sur la toile et dans les magasins pour profiter du Black Friday et du Cyber Monday/Week. En France, tout le monde se prête au jeu de la consommation. À l’instar des Américains, beaucoup de Français attendent ces soldes pour faire leurs courses de Noël ou acheter de l’électro-ménager et des meubles. En 2019, 62% des Gaulois y ont participé. Outre-Rhin, 89% des Allemands sont au courant que ces soldes existent, tandis que leurs voisins Danois ont carrément adopté le Black Friday comme journée des soldes. Quoi de plus américain que la commercialisation à grande échelle ?
Le soft power ne saute pas toujours aux yeux. Pour chaque COP26 ou Institut Confucius, il y a un Thanksgiving qui progresse en catimini. Et, un jour, on se trouve nez à nez avec une offre de dinde dans une boucherie parisienne pour fêter le repas que les Pèlerins ont partagé avec les Indiens d’Amérique il y a cinq cents ans (1621) pour remercier Dieu d’être vivants. Il y a bien de quoi en perdre son latin et en faire tout un article.